jeudi 9 juillet 2009

Chrome OS, le futur système d'exploitation de Google en trois questions



INFORMATIQUE - Basé sur son navigateur Chrome et un noyau Linux, le projet annoncé mardi fait beaucoup jaser...

Il y a six mois, nous écrivions: «malgré ses démentis, un Google web OS ne semble plus très loin». L'annonce officielle est tombée mardi soir, après une fuite dans le «New York Times». Google Chrome OS, un système d'exploitation open source pensé pour le web, basé sur un noyau Linux et autour du navigateur Chrome, «équipera des netbooks à partir du second semestre 2010». Du jargon et une question: Windows doit-il trembler? C'est une «bombe atomique» pour TechCrunch, une «bataille de géants avec Microsoft» pour Mashable, une «révolution potentielle» pour FastCompany... Mercredi, le petit monde de la Silicon Valley buzzait presque autant que pour la mort de Michael Jackson. «Avez-vous perdu la tête?», demande Dennis Howlett, sur Zdnet. On respire une seconde, on pause son iPhone, et on arrête les tweets.


Google Chrome OS, c'est quoi?
Un OS (pour Operating system, ou système d'exploitation en VF) est l'interface entre l'homme et la machine. Comme un gratin dauphinois, il est généralement construit en plusieurs couches empilées les unes sur les autres – du noyau jusqu'à la couche des applications. Gérer les ressources (mémoire, processeur), permettre le dialogue avec les périphériques (via les drivers), intégrer un système de gestion de fichiers et une interface graphique... L'OS a un sacré paquet de missions à remplir, dont l'utilisateur n'a que peu ou pas – si tout va bien– conscience.

Google s'est déjà aventuré sur le terrain des OS pour téléphones portables, avec son système Android, ainsi que celui des navigateurs Internet, avec Chrome. Avec son nouveau projet, Google dit viser le marché des netbooks, ces mini ordinateurs ultraportables à bas coût. Mais Chrome OS sera construit de manière à fonctionner sur une large gamme d'appareils, des plus petits comme les smartphones (équipés d'un processeur ARM), à des ordinateurs de salon (processeur de la famille X86). Pour les couches les plus basses, il reposera sur un noyau Linux. Pour la couche application, il utilisera un dérivé de Chrome. Car Google l'affirme, «pour les développeurs d'applications, le Web est la plateforme».

Pourquoi Chrome OS pourrait être un game changer
Google l'affirme: «Les systèmes d'exploitation [actuels] sur lesquels tournent les navigateurs internet ont été mis au point à une époque où il n'y avait pas de web». Google aurait voulu dire «Windows est aussi has-been que MySpace», qu'il ne s'y serait pas pris autrement.

Que promet Google? «Vitesse, simplicité et sécurité», avec un web accessible «en quelques secondes», peu ou plus de virus ni de machines qui se mettent à ramer une fois passées les premières semaines de la lune de miel post-installation.

Les netbooks sont la cible parfaite pour Google. Peu puissants, beaucoup tournent encore sous une version adaptée de Windows XP, qui commence à accuser le poids des ans. Linux a percé, mais pas autant que les espoirs initiaux, selon TheRegister.

Un succès sur ce segment ouvrirait d'autres perspectives à Google, et les utilisateurs ont tout à gagner d'un peu de concurrence. Microsoft possède toujours 87% du marché des systèmes d'exploitation pour ordinateurs (contre 9% à Apple et 1% à Linux, selon des chiffres de Global Market Share Statistics).

Pourquoi Chrome OS pourrait faire un flop
Le web comme plateforme applicative, la vision est chère à Google et à tous les partisans du «cloud computing». Pas sûr que le réseau/les applications soit prêt(e)s – hello, les plantages récents de Gmail, anyone? Certes, Chrome OS pourra tirer parti de Google Gears, ou du futur HTML 5, qui ouvrent la porte à un mode offline pour utliser des outils comme Gmail ou Google Docs, sans être connecté à Internet. Mais même Apple a finalement reculé sur l'iPhone et abandonné l'idée de ne proposer que des web applications, de nombreuses étant installées localement.

Si on a presque le temps de se faire un café entre l'instant où Vista démarre et celui où l'on peut surfer, certaines distributions de Linux ont déjà réduit la durée à une dizaine de secondes. Intel a même pour objectif le cap des 2 secondes – et plusieurs micro OS jouent déjà la carte du «instant desktop».

Pour l'instant, on ne sait pas grand chose sur le projet de Google. Son noyau minimaliste permettra-t-il à un utilisateur de brancher son iPod pour le synchroniser avec son ordinateur? Quid des jeux?

Bref, beaucoup de questions, auxquelles Google ne semble pas pressé de répondre, reconnaissant «avoir encore beaucoup de travail». De là à y voir un effet d'annonce (le second semestre 2010 est encore très loin, surtout dans le monde des nouvelles technologies), il n'y a qu'un pas... Que certains franchissent carrément, comme Robert Scobble, ancien de Microsoft. Selon lui, Google aurait voulu devancer Microsoft, qui doit faire «une grosse annonce» lundi prochain. Le secret est bien gardé pour l'instant. Ça spécule ici ou là sur du neuf autour du projet Gazelle, un navigateur conçu en plusieurs couches, sur le modèle d'un système d'exploitation, afin de mieux gérer les applications Web. Microsoft n'est assurément pas aussi has-been que Google le laisse entendre.

Google aurait-il mieux fait de soutenir une distribution Linux? Vrai potentiel ou vaporeware? Dites-le nous dans les commentaires ci-dessous.
Philippe Berry, à Los Angeles

20minutes.fr

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